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vendredis du vin - Page 2

  • VDV#45: le vin, l'art et le cochon

     

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    Vendredisduvin

    Si vin et art font plutôt bon ménage, ce vendredi, c'est encore pire. Confier la présidence des VDV à Véro du Mas Coris, c'était accepter d'élever le niveau de cet évènement jusqu'à la hauteur du Pic du Vissou. Au moins. Ces 45èmes VDV sont donc consacrés au versant artistique du vin. Oui, faire du vin, c'est un art. Faire du bon vin, plus exactement. D'ailleurs, dans pinard, il y a "-ard", ça veut tout dire! Et puis, il y a aussi "pin-", et c'est là que ça pourrait devenir cochon. Mais je ne mange pas de ce pain-là, évidemment, cela ne saurait être mon genre.

     

    J'aurais voulu être un artiste, pour pouvoir faire mon numéro, quand l'avion se pose sur la piste, j'aurais voulu changer de peau. Mais je n'ai pas pour autant le blues du businessman. Ni celui du vigneron. Comme je ne sais pas faire de vin (juste le boire), pas faire de la peinture (juste la regarder) ni de la sculpture (juste la toucher), j'ai confié à Mme Olif la périlleuse mission d'illustrer cette thématique des Vendredis du vin.

     

    Mme Olif est principalement célèbre pour dire n'importe quoi. Mais, elle sait également manier le pinceau. Elle a la fibre artistique et aime bien boire un bon canon de temps en temps. Ses œuvres œnographiles jurassiques sont déjà convoitées dans le monde entier, surtout le liquide à l'intérieur de la bouteille, en fait.

     

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    Lorsque je lui ai signifié que je bûchais sur le thème du vin et de la peinture, elle m'a avoué être en train de peindre une déclinaison de "L'arbre de vie" de Klimt, avec un cep de vigne dans le rôle de l'arbre. "Banco", lui ai-je répondu. "Bon, il va falloir que je le termine pour vendredi, alors!", a-t-elle acquiescé.

     

    C'est donc en exclusivité mondiale que je suis fier de vous présenter "Le cep de vie" ©Mme Olif. Attention, peinture fraîche!

     

     

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    ©Mme Olif

     

    Bande de gâtés, les vendredistes, va!

    Et avec ça, on boit quoi? Ben, rien, on va attendre que le raisin de vie soit vendangé et vinifié. Si quelqu'un peut me dire de quel cépage il s'agit, d'ailleurs...

     

    Olif

  • VDV#44: Régalades et rigolades en Loire

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    À Angers, va où la Loire te Maine...

     

     

     

    Vendredisduvin

    Le loir (Glis glis) est un petit mammifère rongeur de la famille des gliridae, qui passe pas mal de son temps à dormir sur son brin de laurier, quand il ne grignote pas des petits grains d'orge. Voilà qui n'est pas banal. Malheureusement, la femelle du loir ne s'appelle pas la Loire, et mon intro tombe à plat, n'ayant pas grand chose à voir avec le sujet qui nous préoccupe, à savoir celui des Vendredis du vin concoctés par Anne Graindorge, qui nous convie, juste retour des choses, à grignoter en Loire. "Régalades et rigolades", c'est comme un genre de pique-nique virtuel, avec un vin de Loire pour dénominateur commun. Exit le loir, donc, tant pis pour la glisse... 

    La Loire est un vignoble fleuve. Le vin de Loire prend sa source au Mont Gerbier-de-Jonc, en Ardèche. Par tous les Saints, d’Eulalie à Nazaire, les vignobles se succèdent, regroupés sous la bannière hétéroclite des Vins de Loire, ceux qui ont « un fleuve pour terroir ». Des Côtes du Forez au Muscadet, en passant par les Côtes roannaises, le Sancerrois, l’Anjou, la Touraine ou les Fiefs vendéens, le vin et la vigne sont omniprésents le long des 1013 kilomètres parcourus par le plus grand fleuve de France, intégrés de façon naturelle et culturelle au paysage, faisant preuve d’une aussi grande diversité que lui.

    Contrairement aux idées reçues, tous les vins d’Anjou ne sont pas doux et tous les vins de Saumur ne sont pas mûrs. Du gamay au melon de Bourgogne, en passant par le cot, le sauvignon, le gamay ou la négrette, les cépages de Loire sont presque aussi nombreux qu’il y a d’appellations. Le raisin-roi, dans le cœur de nombreux amateurs, reste pourtant le chenin, capable de produire d’immenses vins blancs, secs ou liquoreux, en Anjou comme en Touraine. Les buveurs de vin rouge avouent plutôt leur penchant pour le cabernet franc, connu également sous le nom de breton, ce qui flatte autant l’ego des Bretons, qu’ils soient francs ou pas, que des Ligériens. Les amateurs de vins originaux, eux, jettent volontiers leur dévolu sur le pineau d’Aunis, le grolleau voire le menu pineau, autant de cépages authentiques, parfois rustiques, dotés d’une forte mais sympathique personnalité.

    Lorsqu’on les verse trop généreusement, il arrive que les vins de Loire débordent du verre, à la manière des crues décennales du grand fleuve. Une pratique qu’il faut savoir endiguer, de Nantes à Montaigu, pour consommer avec modération.

    Le Loir est une rivière du Centre-Ouest partie à l'Eure. Aucun rapport avec le Glis glis. Du côté de Blois, le Loir est cher et ça ne le gêne pas de marcher dans la boue. Le Loir ne se jette pas dans la Loire, mais dans la Sarthe, ce qui est loin d'être hors sujet. Quand il est Cher, le vin de Loire ne s'use que si l'on Sancerre. Il mène à tout, quand il tient parfois salon, du côté de Ménetou.

     Avant de coloniser le grand Ouest, à qui elle donne ses lettres de noblesse viticole, la Loire prend donc sa source côté Est, donnant son nom à deux départements loin d'être sous influence océanique dominante, même si cette dernière n'est pas exclue. Pour y voir plus clair, la Haute Loire privilégie la culture des lentilles à celle du raisin, tandis que du côté des monts du Forez ou de Roanne, la vigne s'ébat en coteaux ou soutient les gorges. Le vin y est parfois si gouleyant que l'on a envie de le téter à même le magnum, comme ce Gamay 2010 tiré des Bonichons, une parcelle du domaine de la Perrière, située à l'endroit d'une ancienne nurserie. Une cuvée qui mérite bien un conditionnement 95C, au minimum. BIB ou nourrice agréée acceptés. Nul besoin de diversification alimentaire, le vin se suffit à lui-même.

     

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    Vin de Pays d'Urfé 2010, Les Bonichons, Domaine de la Perrière, Philippe Peulet

     

    Du côté de la Touraine, on trouve également du Gamay, mais non exclusivement. Le Cabernet franc et le Côt assemblés peuvent donner un vin Franc du Côt-lié, charnu, croquant et à la rusticité assumée. Faites chauffer la trancheuse et sortez jambons et saucissons.

     

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    Touraine 2010 Franc du Côt-Lié, Albane et Bertrand Minchin

     

    Une fois tout bu et tout mangé, il faut nettoyer. Un vrai métier, qu'il ne faut pas laisser exercer par n'importe quel amateur. Microvigneron, c'est pas une sinécure, mais quand le Breton goûte aussi charnu et sensuel, on pose ses lunettes, on respire un grand coup et on lève les yeux au ciel. Quitte à faire une tache sur la nappe. Et laisser passer l'heure du repas. LÉOOON!

     

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    Léon 2010, Vin de France, Sébastien Fleuret Microvigneron

     

     

    Quand la Loire rigole comme ça, c'est clair qu'on se régale.

     

    Olif

     

    P.S.: nettoyeur, ce n'est pas un métier où on rigole tous les jours non plus. La preuve!

     

  • VDV#43: Élections pinardentielles 2012

     

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    Vendredisduvin

    2012, année électorale française, fin du monde potentielle et Vendredi du vin pinardentiel. N'y voir aucun lien de cause à effet. Quoique... Ce satané Vindicateur a de la suite dans les idées. Pour lui, le vin est politique. Du producteur au consommateur. Dis-moi ce que tu bois, je te dirai pour qui tu votes. Blanc, sans pour autant t'abstenir, rouge, sans pour autant demander à Liliane de faire les valises. Et si tu ne bois pas, c'est encore pire. Et toi, ami vigneron, dis-moi comment tu vinifies, je connaitrai ton parti. Même si c'est simplement celui d'en boire.

    Vendredi du vin politique, donc, et il faut bien reconnaitre qu'il n'a pas entièrement tort, le Vindicateur. Il devrait récolter ses 500 signatures sans aucune difficulté. Il n'a pas entièrement tort, certes, mais a-t-il pour autant raison?

    Une France paysanne et viticole, très terrienne et volontiers ancrée à droite, voit ainsi ses rangs grossir d'une nouvelle génération de vignerons, citadins désireux d'un retour à la terre, plutôt tendance gaucho-écolo-baba-cool, quand ce ne sont pas des "biknites" complètement anar. Un monde du vin électoralement protéiforme, comme la France toute entière finalement.

    Une campagne électorale étant faite de promesses, le vin idéal de ces VDV était déjà tout trouvé: Le vin des promesses. Demain, j'arrête d'en boire. Facile! Malheureusement, il était déjà tout bu depuis longtemps, ce claret de François des Ligneris.

    Promesse électorale suivante, alors.

     

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    Et si on votait pour le vin, le plus simplement? Une belle promesse! Mais ne serait-il pas pourtant un brin schizophrène, ce vin-là, politiquement parlant? Et pas si simple que ça, en fait. Appellation feu Bourgogne Grand Ordinaire*, un vrai roturier provenant, en principe, de terroirs de seconde zone. Mais bouteille lourde, très lourde, un emballage digne d'un aristocrate. Prix lourd également, plutôt destiné aux classes supérieures, et inversement proportionnel aux rendements, inférieurs à 15 hl/ha.  Mais pas au travail fourni à la vigne, celui d'un ouvrier besogneux, ni au soin quasi-maniaque apporté à l'élevage, plutôt luxueux et presque un peu disproportionné. Surtout dans sa jeunesse. Et puis, avec le temps... La Terre 2007, de Bernard Van Berg. Un vin terrien, c'est sûr, mais aérien en même temps. Paré pour le décollage, fin, particulièrement distingué et élégant, après quelques années de vieillissement. À peine moins d'un quinquennat. Et prêt pour signer un nouveau bail de 5 ans à la cave. Le vin, le plus simplement, et surtout très bon. Le vin et la politique, c'est d'un compliqué!

     

    La seule promesse que puisse vraiment tenir le milieu vigneron, finalement, elle nous vient d'un ex-candidat à la candidature, apparemment trop en avance sur son temps: "Le pinard, ça devrait être obligatoire!".

    En 2012, le mieux serait donc encore de pouvoir voter Coluche ou, à l'extrême rigueur, de voter bourré! Il est plus que jamais indispensable de railler, pimenter et stimuler une campagne électorale qui s'annonce stéréotypée et convenue, pour ne pas dire dramatique et désolante. Et qui, au final, ne va faire que nous enfumer, une fois de plus.

    Géraaard!

     


     


     

    Olif

     

    * désormais Coteaux bourguignons, dans le but de redorer le blason d'une appellation plutôt péjorative aux yeux du consommateur.

  • VDV#42: puisque vous partez en voyage...

     

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    Vendredisduvin

    "Puisque vous partez en voyage
    Vous m'avez promis ma chérie
    De m’écrire quatorze pages
    Le dernier vendredi du mois ou davantage
    Pour que je voie votre visage
    Baissez la vitre je vous prie
    C’est affreux je perds tout courage
    Soudain je déteste Paris
    Le morgonneur crie : "En voiture"
    Le cochon il sait pourtant bien
    Que je dois rester, mais je jure
    Que s’il le crie encore une fois, moi je viens
    J’ai une bouteille pour seul bagage
    Et tout le reste je m’en fous
    Puisque vous partez en voyage
    Ma chérie... je pars avec vous."*

     

    Sur cet air-là, il va falloir prendre la route. La faute à Guillaume, celui qui a du Morgon dans les veines et la bougeotte perpétuelle, au point d'aller manger du poulpe pas encore mort trempé dans un bol de riz Corée, Bonjour le petit déjeuner! On est "nature" ou on ne l'est pas, me direz-vous. Ce qui est le cas de notre 42ème Président des VDV, j'en ai bien peur. Puisque vous partez en voyage, Guillaume, ... je pars avec vous.

     

    Le vin fait voyager, il n'y a pas de voyages sans vins et le vin peut voyager. Trois angles d'attaque pour une thématique beaucoup plus complexe qu'elle n'en a l'air. Transports aériens ou purement cérébraux, il faut choisir. Ou pas.

     

    J'aurais pu vous relater ma dernière croisière en Méditerranée, où il fallait boire à l'équerre dans les salons du Concordia, mais où l'eau salée a fini par remplir tous les verres. Je n'y étais pas.

     

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    © Kristof, dessinateur d'actu, turlututu chapeau pointu.

     

     

    J'aurais pu vous parler du Corton Charlemagne le plus haut du monde, dégusté par Le Seb au sommet de l'Uturuncu, en Bolivie. Je n'y étais pas.

     

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    J'aurais pu vous parler de Polymnie, liquoreux des Muses qui a fait le Tour du Monde en 2008 en compagnie d'Alexandre Truffer, le romand du vin. Je n'y étais pas.

     

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    ©Alexandre Truffer

     

    J'aurais pu vous parler des baroudeuses de bouteilles de Samuel Mégnan, du domaine Aloha, qui n'hésitent pas à franchir les mers ou les montagnes, comme le nain de jardin de Monsieur Poulain père, la vérité si jument, pour aller poser dans les endroits les plus improbables. Je n'y étais pas. Enfin si, à Barbaresco, j'y étais.

     

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    J'aurais pu.

     

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    Le Mont-Blanc, vu depuis le Mont d'Or

     

    Je vous parlerai plutôt des Alpes. Si loin, si proches, depuis le Mont d'Or, par beau temps anticyclonique automnal. Un transport aérien à bon compte, par dessus le Léman et son plafond de nuages, en ménageant sa monture et son bilan carbone. Avec de bons yeux et beaucoup de chance, on pourrait presque apercevoir la vallée de l'Arve, juste là, dans le coin, derrière, au fond.

     

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    Le Mont-Blanc, vu depuis Ayze

     

    Plus exotique que le gringet, tu meurs. Vague cousin du savagnin, il aime bien se faire mousser à Ayze, lieu exclusif où l'on peut le rencontrer. En version tranquille, on appréciera sa belle acidité, surtout lorsqu'il est ramassé à maturité. Dominique Belluard n'est pas du genre à pratiquer autrement. Ce 2005 n'est plus à l'état larvaire, il entame même sa phase d'ascension et de plénitude. En boire une gorgée, fermer les yeux et se retrouver au pied du Mont-Blanc. Avant de grimper au 7ème ciel, à 4810 mètres d'altitude, et poursuivre son voyage...

     

    Olif

     

     

     

     

    * Puisque vous partez en voyage, de Mireille et Jean Sablon, paroles de Jean Nohain, légèrement adaptées pour la circonstance. Je pense qu'ils ne m'en voudront pas. Et en bonus, la jolie version de Hardy-Dutronc.

     

    P.S.: aujourd'hui, thème de circonstance, c'est justement grand voyage. Direction la Loire et ses salons "bio", "biody" ou "nature". C'est quand qu'on arrive?

     

    P.S.2: pour les montagnards qui rechigneraient à partir en voyage ou les gars de l'Ouest qui auraient des pulsions de montagne, ça tombe bien! J'ai exactement ce qui leur faut, ce week-end, dans les Alpes, à Chambéry très précisément: la première biennale des Vins de montagne ou de fortes pentes. Il n'est pas précisé dans quel sens est la pente, ni comment il faut planter le bâton, mais nul doute que cette rencontre ne soit enrichissante, avec slalom entre les tables rondes, servant à loger des orateurs prestigieux ou loger plus de 60 vignerons en dégustation, de Savoie, d'Allemagne, du Valais, d'Italie, ou encore des Pyrénées. Et peut-être un soupçon de Jura, même si la pente est plus faible...

     

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  • VDV#41: 4 vins de mariage et 1 d'enterrement

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    Vendredisduvin

    Grâce à Stéphanie UMDV (Un mets, dix vins), ce vendredi, on bulle. Sérieusement, sans faire les idiots, parce que c'est pour un grand évènement. Le mariage, sans déconner, faut pas rigoler avec ça. Pas un petit PACS vite fait entre deux portes, non une grande et belle cérémonie, avec Monsieur le Maire, Monsieur le Curé, les enfants de chœur, des filles et des garçons d'honneur, une grande robe blanche, une redingote et une cravate qu'on ne remettra jamais plus, des grains de riz, des cloches, une calèche tirée par un attelage de chevaux comtois pour parader en ville -soyons fous-, un concert de klaxons pour clamer sa joie et bien emmerder les riverains, une voiture balai "Just married" pour fermer le cortège et un pot de chambre peu ragoûtant à écluser à 5 heures du matin dans la chambre nuptiale envahie par une bande de soulots avinés tenant à peine debout et chantant à tue-tête. Oui, le mariage, c'est sérieux. Surtout l'apéritif. C'est à peu près le seul moment où les convives vont être tant soit peu à même d'apprécier ce qu'il y aura dans leur verre. Sauf évidemment la mariée, en larmes et peut-être déjà enceinte, se mouchant sans arrêt dans son bouquet de fleurs, et la belle-mère en extase devant sa fille et sa belle robe blanche, même si elle n'en finit pas de se demander ce qu'elle peut trouver à cet avorton aussi élégant dans son costume trois-pièces qu'un pingouin avec un palmier dans le cul, à la dérive vers les tropiques sur son iceberg miniature.

     

    1 mets, 10 vins, 4 vins de mariages et 1 d'enterrement, voire plus si affinités. La mise en bière, c'est celle de la vie de garçon (éventuellement de jeune fille, mais y a-t-il encore de vraies jeunes filles jusqu'au mariage?). Réglons leur tout de suite leur cas, aux funérailles. Ce petit con ne sait pas encore ce qu'il perd, il fanfaronne, voudrait encore une dernière fois voir toutes les filles du monde à ses pieds. La bouteille qui va bien pour fêter cet évènement, je n'en vois pas 50. The Péteux, from Alice et Charles, du domaine de L'Octavin, histoire de tirer définitivement un trait sur son passé de pseudo Dom Juan arrogant. Le 2011, fraichement dégorgé, est un peu plus sec que la version 2010. Il n'en gouleye pas moins, de quoi en boire des sapines avant de sombrer dans les bras de Morphée, mais pas ceux de Julie, Sabine, Rebecca, Charlotte ou Wilfried.

     

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    Place au grand jour. Il fait beau, la table est dressée dans le jardin. Répondant à l'appel du ventre, les invités commencent à arriver, suivant patiemment en cortège le jeune couple de mariés qui n'arrête pas de roucouler en chemin. Les belles dames pestent parce que leurs talons hauts se plantent dans la pelouse, rendant périlleux le déplacement jusqu'au buffet. Les enfants courent et piaillent dans tous les sens tandis que les messieurs commencent à partir de francs éclats de rire en tapant sur l'épaule de leurs voisins. Ils réclament à boire. "On a soif!"

     

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    À partir de là, les bulles coulent à flots! De la bulle douce et un peu sucrée pour les dames, afin de leur éviter de mettre de la liqueur de pêche dans le Champagne non dosé, et d'autres, un peu plus sauvages et colorées, pour les amateurs d'émotions fortes. Forcément, du poulsard! Sur leur petit nuage, les yeux dans les yeux, la mariée sert un verre de Champagne de Benoit Lahaye à sa grande brute nature. Il lui répond du tac au tac avec un Pétillant naturel de raisin du domaine de la Tournelle: "On zoue?". Et les voilà partis au domaine des Grottes pour gagner leur Petit coin de Paradis.

    Le plus difficile est à venir. Rester Fidèle, toute sa vie, y compris à Vouette & Sorbée. Une cuvée rare et un peu chère pour un mariage de 200 personnes, mais après la nuit de noces, en comité restreint, pour reprendre des forces, ce pourrait être une bonne idée.

     

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    Autre option possible et ultime solution de rechange en ce qui me concerne, retour en Jura pour découvrir cette bulle d'exception récemment sortie de la cave et du cerveau bouillonnants de Stéphane Tissot: BBF!  BBF, pour Bvieilles Bvignes Françaises? Non, ça c'est Kroug! BBF pour Bonne Bourre les Fiancés? Désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher. BBF pour Bonnes Bulles Forcément? Ça coulerait de source, mais ce n'est pas ça non plus. BBF pour Bénédicte et Btéphane Ftissot? Non, retire tes doigts de ta bouche quand tu parles. BBF pour Blanc de Blanc élevé en Fût, alors! Du Crémant du Jura extra-brut haut de gamme, et pas de l'Alka-Seltzer. Élevage en fût, puis 52 mois sur lattes. Bulle fine, du gras et de la fraicheur, un vin complexe et riche, peut-être trop pour un apéritif de mariage, mais c'est drôlement bon. Un peu plus cher qu'un Crémant standard, évidemment. Mais quand il s'agit de passer un moment inoubliable...

    Vivent les mariés!

     

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    Olif

     

  • VDV#40: polygamie beaujolaise... (dernière partie)

     

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    Beaujolais, suite et fin. Provisoirement, car il ne devrait s'écouler guère de gamay sous les ponts avant qu'on en reparle, ici ou ailleurs. Le succès de cette thématique des 40èmes Vendredis du vin n'en finit pas de me surprendre, à tel point que je peine à arriver au bout du compte-rendu, et ce à ma plus grande joie, finalement. Le Beaujolais, d'une manière générale, le vaut bien et il serait dommage qu'un amateur de vin digne de ce nom passe à côté de cette si belle région sous le fallacieux prétexte que son image a été galvaudée pendant longtemps par la nouveauté, la réduisant à d'insipides et lassants arômes de banane retrouvés dans des vins soit-disant primeurs et affectés de progeria vinique, déjà vieux avant d'être nés. Un véritable laboratoire précurseur de l'école des vins "nature" couvait là-bas de longue date, grâce au génie d'un Jules Chauvet, qui fut vite suivi par Marcel Lapierre et repris désormais par bon nombre d'autres vignerons qui ont compris que le gamay ne supportait ni la médiocrité, ni l'artificialisation.

     

    Place donc aux ultimes billets des participants. Si quelqu'un s'estime lésé, floué, oublié, qu'il me le fasse savoir discrètement, je ferai de même pour rétablir l'injustice.

     

    Michel Smith nous livre en moins de deux un précis du bon usage du Beaujolais, en n'oubliant pas de convoquer à sa table du jambon, Boby Lapointe, Brassens, du fromage de chèvre et sa voisine. Une belle histoire qui devrait bien finir grâce au Beaujolais. Et vive le Beaujolif!

     

    Sophie Senty, docteur es Bacchus et art contemporain sur son blog Vinsinthecity, nous prescrit un Beaujolais par mois, à commencer par un ancien nouveau de Lilian Bauchet. Et si vous n'aimez pas le Beaujolais, vous n'avez qu'à boire du Morgon à la place!

     

    L'ancien nouveau de Lilian Bauchet a aussi été du goût du Vindicateur, parce que c'est un bon Beaujolais nouveau et qu'un bon Beaujolais nouveau, c'est juste un bon vin, et qu'un bon vin, ça sait supporter un peu de vieillissement en cave.

     

    Le Beaujolais nouveau durable, c'est aussi le credo de Laurent Baraou, dit Lolo de Bu. Ses anciens Nouvos, il ne les a pas tous bus, et quand c'est du vrai vin, c'est loin d'être périmé. Qu'on se le dise!

     

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    Dans le Beaujolais, tout n'est pas bon, loin de là, mais dans le cochon oui, encore faut-il que ce soir un bon cochon. Baltailles, c'est de la noix de Jambon, Philippe de son prénom. Le Baltailles du vin et de l'amour, Gilles Hourquet en a bu jusqu'à plus soif, du 2002, encore parfaitement top, et sans attraper le Nez rouge. Et figurez-vous que le Jambon rend bon. Philippe de son prénom.

     

    La Passion de la rive droite se double d'une passion pour le Morgon et se dédouble encore d'une passion pour l'art culinaire et les accords mets-vins. Sans parler de la passion du cigare et de celle des vieux Cognacs, quand il ne s'agit pas de celle des vénérables Cognaçais. Isabelle, dite la Nonne*, aux fourneaux, et Daniel, dit le Cardinal*, devant le match de rugby, avant la descente de cave pour y remonter la Côte du Py 2009 de Jean Foillard et les Vieilles Vignes 2010 de Daniel Bouland. Le tout, commenté en vieux français mâtiné de ch'ti, par la Nonne*. Du bonheur et de la joie de vivre, tout ça!

     * ©Littinéraires viniques

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    Le pirate de ces Vendredis du vin nous est venu de la confédération. Laurent Vins-Confédérés a tâté du gamay made in Switzerland. Un Gamay 2009 du Domaine de la Treille des frères de la Côte, Christian et Julien Dutruy, doublé d'une cuvée valaisanne Bovernier 2008 de Gérald Besse, ont suffi à insuffler un vent de Beaujolais dans ses montagnes neuchâteloises.

     

    Céline Beauquel, du  Clos Romain, avec sa sensibilité de vigneronne languedocienne, a tenu à nous parler de "son" Beaujolais, celui qu'elle connait et qu'elle aime, celui des terroirs, celui de la tradition et celui de l'hospitalité. Avec elle, faites tomber les préjugés...

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    Nina Izzo ne s'est pas perdue dans le Beaujolais, elle est allée directement à l'essentiel: Château Cambon 2008 de Marcel Lapierre. Elle ne pouvait pas mieux choisir. Château Cambon, ma première incursion beaujolaise à l'occasion de la première Beaujoloise, en 2008, justement, et ma première rencontre avec Marie et Mathieu Lapierre. J'y reviendrai à l'automne de cette même année 2008, pour une dégustation mémorable avec Marcel et une verticale du Morgon du domaine, version sans sulfites ajoutés. Encore aujourd'hui, je ne débouche plus un Morgon sans le tire-bouchon estampillé Lapierre, que Marcel distribuait à la brassée et qui fait maintenant des jalou(x)(ses). Sa bouteille de Château Cambon, Nina l'a bue en direct-live et en vidéo depuis sa cuisine. Elle a apparemment eu du mal à en trouver (du bon, s'entend), puisque le fleuve Beaujolais n'abreuve pas régulièrement Montpellier. Il va falloir remédier à cela, sans aller pour autant jusqu'aux inondations actuelles.

     

    Jean-Baptiste Lemaire, de Vinivert, vend du vin et le promeut également. Il vient tout juste de publier un gros dossier pour mieux comprendre le Beaujolais et ses vins. C'est complet, bien écrit et ça incite à découvrir ses deux vins nouveaux qui seront à la vente bientôt: ceux du néo-vigneron presque déjà vieux, Lilian Bauchet, et ceux d'un petit jeune qui monte et qui va bien, Paul-Henri Thillardon.

     

    Olivier Lebaron se questionne: "Comment vendre le vin du Beaujolais le troisième vendredi de novembre?". Et trouve des réponses. Il en est des Beaujolais comme du vin ou des belles choses. Pour encore acheter (et boire) du Beaujolais le lendemain de la soirée officielle de lancement du vin nouveau, il faut l'aimer, le comprendre et aller à sa rencontre. Retrouver l'âme de ce qui fait son charme et sa qualité. The Showiniste must go on...

     

    Jean-Charles Huon, du P'ti Journal du vin naturel, a fait son lundi du vin en se raccrochant aux fondamentaux. Indispensable, parfois, souvent même. Et quoi de mieux alors qu'un Morgon MMIX de Marcel Lapierre? Ben rien, justement, et il ne fallait pas le passer sous silence...

     

    Les Cousins n'y vont pas par 4 chemins. Le Beaujolais aujourd'hui, pour eux, c'est le Morgon de Michel Guignier. Pas celui de Faudon, mais de Villié-Morgon. Avec une assiette de fromages et les oreilles grandes ouvertes à l'écoute du vigneron.

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    Du Morgon, justement, on s'en remplirait bien volontiers les veines en permanence, mais ce vendredi-là, Guillaume a choisi du Fleurie. Pas n'importe lequel, il a jeté son dévolu sur la fleur de Julie Balagny, en tout bien tout honneur, et En Rémont 2009. Sans volonté de fayotage, néanmoins, même s'il a ouvert ni plus ni moins une des bouteilles de la sélection présidentielle. Quand les grands esprits se rencontrent...

     

    Du Fleurie, j'en ai moi-même décoré ma balustrade, c'est du vin qui pousse en toute saison. Julie Balagny, donc, mais aussi les Côtes de la Molière, Yvon Métras, Jean-Claude Chanudet (domaine Chamonard) et Michel Guignier, celui de Faudon.

     

     

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    Et tout ça pour apprendre au final (et un poil en retard) que le petit gamay rouge serait originaire de Touraine! Encore un coup de Leblanc, Éric de son prénom, pas Just. Le petit dernier à avoir rejoint la toile et les Vendredis du vin aussi. On ne demande finalement qu'à le croire, tant son histoire est jolie. À sa décharge, il est tombé dedans quand il était petit. Mais il ne faudrait pas que cela enlève des mérites au Beaujolais...

     

    Olif

     

    P.S.: une ultime partie rédigée d'une main fluide, un verre de Moulin à Vent 2009 des Côtes de la Molière dans l'autre. Santé, et si la nouvelle présidente veut remettre le couvert sur le Beaujolais en novembre, on est partant, avec encore du répondant.

     

  • VDV#40: polygamie beaujolaise... (deuxième partie)

     

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    Beaujolais, le retour. Et il y a encore du boulot! Mais on ne va pas se plaindre, ce n'est que justice pour une appellation et un cépage d'ordinaire si injustement décriés.

     

    Binbin est fou de vin en général et de Beaujolais en particulier. Il nous dresse un constat chiffré alarmant de l'historique du Beaujolais ces 50 dernières années: la crise, récurrente du fait des excès et d'un marché instable, jouant sur l'effet de mode qui, comme chacun sait, finit par passer, et les raisons d'espérer, grâce à des vignerons talentueux et une autre vision de ce que peut et doit être un vin du Beaujolais. Avec un petit clin d'œil appuyé à Jean-Claude Lapalu.

     

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    Quoi de mieux qu'une vigneronne pour parler simplement de la région qu'elle aime et où elle vit? On attendait un truc hypersophisitiqué de la part d'Isabelle Perraud, des Côtes de la Molière, eh bien non! Le Beaujolais, tout simplement! Même qu'elle a failli sécher sur le sujet, après avoir trop révisé.

     

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    Sébastien Fleuret est un micro-vigneron scientifique. Ça se voit tout de suite. Brève et concise, sa contribution est probablement la plus évidente jamais proposée. Elle tient en un symbole ou deux lettres, mais une infinité de chiffres derrière la virgule. , le Morgon de la côte du Py de MONSIEUR Jean Foillard. Afin qu'il ne soit pas le grand oublié de ces VDV.

     

    Dans le genre bref, on a eu Eva d'Œnos, également. Bref, Eva a bu du bon Beaujolais. Avec son cousin Germain. Il ne lui reste plus qu'à tourner son joli scénario pour concurrencer Canal +. Ou alors, encore mieux, le proposer à la production. Peut-être qu'ils lui achèteront et qu'ils en commandront d'autres? Mais peut-être pas toujours avec le Beaujojo comme thème.

     

    Moins rapide que Buzz ou Guy, Tarlant l'éclair a pris son temps pour arriver. Millésime 2001, pour une bouteille retrouvée dans les entrailles d'une cave champenoise et un domaine, le Château de L'éclair, qui parle encore aux locaux. C'est une chance.

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    Quand on lui parle Beaujolais, Audrey Domenach ne fait pas les choses à moitié. Elle anticipe le sujet deux bons mois à l'avance, part y faire les vendanges et nous écrit une encyclopédie en plusieurs volumes. Le Château des Moriers cher à Miss Vicky Wine est une nouvelle fois à l'honneur, tout comme l'appellation Fleurie.

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    Vin et musique font de plus en plus bon ménage, mais le Beaujolais ne s'accorde pas qu'avec un air d'accordéon. Sur CabFrancFreak, Anna Tyac n'hésite pas à mixer Joy Division avec le Morgon VV 2010 de Jean-Paul Thévenet, le Morgon 2009 Corcelette de Jean Foillard avec Patsy Cline, le Régnié 2009 Grain et Granit de Charly Thévenet avec Morphine et le Brouilly VV 2010 du domaine de la Grand'Cour avec Austra. The Lady and the Tunes, pas freak du tout, et ça dépote un max, question vin et musique!

     

    Notre bien aimée Présidente à vie des Vendredis du vin n'aime pas gâcher. Elle recycle tout ce qui lui passe sous la main, faisant de ses vieilles barriques de jolis bacs à fleurs, que même Iron Man a du mal à soulever, et de ses anciens billets pour les vendredis du vin des posts flambant neuf, que l'on ne croirait avoir été écrits qu'hier. On ne va quand même pas reprocher à Iris de mettre en avant les vins du domaine des Côtes de la Molière!

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    Depuis la foire aux vins de Pranzac, en Charente, Maxime Carion n'analyse sensoriellement le Régnié 2009 du domaine Olivier Depardon qu'en compagnie d'un morceau de saucisson. On le comprend aisément.

     

    Pour sa première contribution, le Sommelier Masqué a arrêté de boire du thé pour tester le Beaujolais, dont il n'est pas coutumier. Presque une révolution, en ce qui le concerne. Son choix s'est porté sur un Chénas VV 2010 d'Hubert Lapierre (le 2011 n'est pas encore commercialisé, à ma connaissance), ainsi qu'un Morgon 2010 de Jean Foillard. Il semblerait que désormais le thé ne soit plus son verre de Beaujolais...

     

    Gérard Garroy est "sotmellier"(c'est lui qui le dit) et belge de surcroit. Comme beaucoup de Belges, il ne sait pas faire court et il nous livre ici un véritable manifeste œnotouristique pour partir à la découverte du Beaujolais, bonnes adresses pour le boire, le manger et le dormir incluses. Son blog s'appelle Vins Cœurs et il gagne ... à être connu.

     

    "Pourquoi le Beaujolais c'est si bon?" C'est une bonne question et on remercie Julien, de Picwineblog, de l'avoir posée. Entre un Beaujolais Cœur de vendanges 2009 du domaine du Vissoux et un Moulin à Vent 2007 du Clos du Tremblay, son cœur balance, mais il prend les deux et même encore plus, pour un rapport qualité/prix toujours intéressant.

     

     

    Philippe Rapiteau, the Pipette man, est l'homme du mix. Délaissant le traditionnel saucisson lyonnais aux pommes de terre, il a préféré mixer la saucisse de Morteau et la lentille verte du Puy pour accompagner son Morgon MMIX de Marcel Lapierre. Comme le hasard fait bien les choses, le Beaujolais est à l'exacte bissectrice d'une ligne courbe qui va du Haut Doubs à la Haute Loire en passant par les Fiefs vendéens. Ce n'est pas la peine de vérifier, on s'en fiche un peu, mais c'était le Morgon de Marcel ou un Gammes en May de Thierry Michon.

     

     

    À suivre, parce qu'il y a encore largement matière à une troisième partie. Le Beaujolais, on ne s'en lasse jamais!

     

    Olif

  • VDV#40: polygamie beaujolaise... (première partie)

    L'appel du gamay a délié les plumes et les billets de blogs ont pris leur envol dès la fin octobre à l'occasion de ces quarantièmes Vendredis du vin consacrés à ce cépage hardiment présenté comme "vil et déloyal", mais qui sait pourtant être le meilleur compagnon du buveur lorsqu'il est bien cultivé et vinifié dans son fief beaujolais. À ce propos, justement, quoi de neuf en Beaujolais, région ampélographiquement monogame (ou presque)? Pas encore de vin nouveau, c'est trop tôt. Raison de plus pour en parler et en boire bien avant le troisième jeudi de novembre, mondialement célèbre pour cause de sortie de cave plus ou moins tragique, c'est selon. Selon la façon dont on envisage les choses, entre marketing démesuré qui se casse désormais la figure et sincérité et convivialité du vin de soif qualitatif, fait uniquement avec du raisin, sans adjonction de banane ni de framboise.

     

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    Pas loin de 40 blogueurs et/ou facebookeurs se sont laissés à la confidence pour faire de ce mois d'octobre 2011 le mois du Beaujolais sur la toile. Et un nombre de flacons débouchés largement supérieur, proche du double, ce qui n'est nullement une surprise, les Brusseleirs ayant annoncé fermement leur participation d'un "Non, peut-être" qui ne laissait planer aucun doute sur leurs intentions. C'est parti pour une overdose de gamay!

     

    La partie teasing de l'opération fut lancée la veille par les BL boys qui n'ont pas hésité à se rendre sur place pour interviewer le 007 des néo-vignerons beaujolais, période Sean Connery. Permis de boire, avec Lilian Bauchet, sur Bourgogne Live! Et plutôt très fort de la part de Bourguignons.

     

    Les premiers à avoir dégainé leurs quilles furent évidemment les Brusseleirs, dont le rapporteur est aussi Monomaniaquement Alsace que farouchement adultère en matière de vin. Fort heureusement, le riesling n'est pas jaloux. Et le gamay, c'est tellement bon.

     

    Miss Vicky Wine nous envoie de son Beaujolais à elle un faire part de naissance prématurée. La mère et son nouveau-né vont bien. Félicitations à tous les deux!

     

    Pauline Boët s'est sentie une âme de poète pour se remémorer le début de l'été, le saucisson, les joies et les ris, le Fleurie... Après s'être enfilée quelques verres, elle a compilé des vers et fait du Fleurie son nouveau vin favori.

    Pas le temps pour la prose,
    l'air du weekend 'fût' plutôt morose,
    une chose est certaine cependant
    c'est que l'on apprend en buvant
    et qu'il faut faire fi
    des aprioris.

    Le Beaujolais pour moi s'est révélé
    Lors d'une fête des crûs au début de l'été
    Dégusté avec fromage et saucisson
    et un groupe d'ami qui ri à l'unisson
    il fait désormais partie
    de mes vins favoris.

    J'en profite ici pour remercier
    mon amie Vicky Wine bien aimée
    pour la découverte intiatique
    du Beaujolais à travers plusieurs bariques.
    (Salutation aussi en passant
    à vous tous, wine lovers épatants!)

     


    Un vendredi du vin sans le Bicéphale, ce serait un peu comme un lundi sans raviolis ou encore un samedi sans ramoner Momone. Et puis, le Bicéphale est tellement entier, même réduit à une simple moitié, qu'il nous dégaine un Beaujolais quel que soit le sujet. Pour une fois, c'est raccord complet avec Un petit coin de Paradis 2009 du domaine des Grottes, un jus de raisin pétillant naturel qui donne envie de courir tout nu dans les vignes.

     

    Catherine a littéralement fait ses gammes et la bise à Louis. Une femme, des vins, dont un Morgon Côte du Py 2007 de Louis Desvignes, pour un bien joli billet.

     

    En trois services, tel un vrai couguar, Berthomeau et Cie, mon prédécesseur à la présidence du Vendredi, nous fait voir du Bojo de toutes les couleurs. Un rouge nouveau signé P-U-R et un blanc 2009 du domaine Cornin. Avec en prime de jolies photos.

     

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    Le petit coup du matin n'arrête pas le pélerin, ni Antoon, qui s'encanaille aux aurores avec "une tomme daubée, un morceau de saucisse de couenne au marc ... et p'tit canon qui rend amoureux". Saint-Amour, quand tu nous tiens...

     

     

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    Doc Adn clame son amour du gamay et du Morgon avec le 2009 de Jean-Paul Thévenet. Son excellent goût en matière d'escapades viniques est malheureusement gâté par sa passion des animations Gif complètement kitch et douteuses. On lui pardonnera néanmoins volontiers ses écarts tant il sait être convaincant dans sa déclaration d'amour.

     

    Pour Didier Dardenne, "le Beaujolais, c'est comme le gendarme, ça va toujours par deux." Je lui suggère volontiers de passer au magnum, surtout s'il s'attaque à la Côte du Py de Jean-Marc Burgaud. Il est rejoint tout en haut de la Côte par ChristianB, le Littinéraire vinique, qui a trouvé chez le même Jean-Marc Burgaud une bonne raison de croire en la grandeur de Dieu.

     

    Joli hommage à Bruno Debize, excellent vigneron méconnu du Sud-Beaujolais, par l'un de ses plus grands admirateurs, le toujours vert Jean-Marc Imberdis. Et en musique, s'il vous plait!

    Bruno, il joue pas les starlettes
    Il met pas des lunettes
    De soleil
    Il pos' pas pour les magazines
    Il travaille dans les vignes
    A Bully !

    Au pays des Pierres Dorées
    Il est dans l’Beaujolais
    C’est douillet
    Surtout si la voie ferrée
    Et la route bétonnée
    Passent au loin

    Il va pas à Saint-Paul-de-Vence
    Il pass' tout's ses vacances
    Dans son chai
    Comme famille il a tous ses potes
    dans l’monde, éparpillés
    Et ça le botte

    Bruno il a plus vingt-cinq berges
    Mais j'crois bien qu'Saint-Vincent
    Des églises
    N’fait pas de Beaujo plus soyeux
    Et ne t‘accueille pas mieux
    Quoi qu'on dise

    L'automne quand la vill' s'embrume
    Chez lui y a du soleil
    Qui s'attarde
    Il prend une boutanche dans sa main
    Remplit douc'ment l’godet
    Et c’est bien

    Il fait du Beaujo comm’ on l’aime
    Aussi bon qu’feu l’ Marcel
    Sans banane
    D’la fraise y en a pas non plus
    Qu’ du raisin et d’l'amour
    Comme on aime.

     


     


    À suivre...

     

    Olif

     

    P.S.: vu l'ampleur de la tache à laquelle je suis en train de m'atteler, je crois plus raisonnable de la livrer en plusieurs tomes. Et ce d'autant que je sens les vendredistes impatients... Il y a déjà là de quoi se faire gentiment les crocs.

     

  • VDV#40: Gammes en Beaujolais...

    Après la parenthèse romantique et sensuelle du mois de septembre, orchestrée par le sieur Berthomeau pour les Vendredis du vin de l'été indien (et dont la synthèse ne devrait plus tarder à être publiée), il va falloir revenir à des considérations plus terre à terre et verre à verre. Pour cette quarantième session citoyenne des VDV, j'ai remporté les primaires au point d'assumer déjà la présidence, sans passer par un deuxième tour. Ça vaut largement une mention dans Libé

     

    IMGP0003.JPG

    2011, année précoce s'il en est, partie avant l'heure et ayant gardé sa confortable avance jusqu'au moment de couper les raisins. Rien à voir avec 2003, précoce et caniculaire, ou 2007, s'essouflant péniblement sur la fin, contraignant à des vendanges matures bien plus de cent jours après la fleur. 2011, un nouveau challenge pour les vignerons? Question: est-ce que, coupé aussi tôt, le Beaujolais primeur le sera-t-il encore? Primeur. Oui, parce que 3 semaines de vieillissement supplémentaire après vinification, en moyenne, avant sa commercialisation, par rapport à sa mise en bouteille, ce n'est pas rien. Faudra-t-il encore parler cette année de Bojo nouveau ou plutôt de Beaujolais tardif? Ou va-t-on devoir avancer de deux semaines, à savoir au premier jeudi de novembre, la commercialisation du vin nouveau et en faire un Bojo précoce?

     

    Cougar.jpg

     

    Cette nouvelle session des Vendredis du vin sera donc un pied de nez anticipatoire et l'occasion de griller les médias traditionnels sur la ligne de départ. Révisez vos gammes et parlez-nous donc du Beaujolais, du bon, du beau, du joli, de celui qui devrait toujours nous enchanter, parce que c'est la plus belle région viticole au monde située entre Mâcon et Lyon. Mais parlez nous en juste avant début novembre, le mois médiatique officiel.

    Dégainez donc vos gamay du Beaujolais, sortez-vous les doigts du cru et faites gicler précocément vos jus, de Morgon, de Chénas, de Chiroubles, de Regnié, de Brouilly, de Juliénas, de Moulin à Vent, de Fleurie, de Côtes de Brouilly, de Saint-Amour ou de n'importe quel autre village, même Vauxrenard, avant le dernier vendredi d'octobre. Parlez-nous de vin nouveau 2011, si vous êtes vigneron, femme de vigneron, maîtresse de vigneron, amant de vigneronne, ami de vigneron ou tout simplement de passage à la cave au moment où il se fait mettre. En bouteille, bien sûr. Ou alors enivrez-nous de vin plus ancien, épanoui mais toujours aussi juteux après quelques années de cave. Voire encore d'ancien nouveau, celui de l'année ou du millénaire précédents, si vous en avez oublié une palette dans un coin. Révélez-nous les crus et les vignerons qui vous enchantent, faites reluire le Beaujolais sans vous astiquer la banane, avant que le grand marronier de l'information ne s'en empare, de façon éphémère, en sacrifiant le vin primeur sur l'autel de la médiatisation superficielle, quand ce n'est pas uniquement pour dire que c'est de la m...! Racontez-nous vos vins préférés, 100% raisin, faites du mois d'octobre le mois du vrai Bojo, bon et authentique, faites-nous languir jusqu'au troisième jeudi du mois de novembre. Voilà, je vous laisse vous finir tout(e) seul(e). Et rendez-vous, pour la publication de vos notes sur votre blog ou sur le groupe Facebook des Vendredis du vin, le vendredi 28 octobre, juste avant la Saint-Glou in Bruxelles, où l'on essaiera également de faire couler le Beaujolais à flots au milieu d'une foultitude de vins aussi "natures" que possible.

     

     

     

    Olif

     

    P.S.: Précox ejaculator, la bande-son de ces 40èmes Vendredis du vin, est signée du jurassien Hubert-Félix Thiéfaine, interprétée en version acoustique. Je n'ai pas pu me retenir non plus.

     

    P.S.2: c'est l'occasion de se plonger dans le dossier très complet sur le Beaujolais qui vient d'être publié sur Vin-Terre-Net par un fervent félin défenseur de cette belle région. Une belle coïncidence!

     

  • VDV#39: le vin qui aimait les femmes...

    Expo2.jpg

    Corps dans décor ©Mme Olif

     

     

    Vendredisduvin À l'occasion de cette 39ème session des Vendredis du vin, Jacques Berthomeau, du fin fond de son espace de liberté, nous pose une colle. "Parlez-nous du vin qui aimait les femmes!", nous dit-il, en substance. Traduction: se mettre dans la peau d'un vin pour exprimer les sentiments que lui inspirent une femme en particulier ou les femmes en général. Se liquéfier et se laisser avaler par un gosier féminin? Lui caresser la luette, couler le long de ses amygdales avant de plonger depuis l'épiglotte, dans son œsophage, pour se répandre voluptueusement le long de sa grande courbure gastrique, franchir son pylore, direction le duodénum, se faufiler dans son jéjunum, baguenauder dans son iléon, puis coloniser son colon? Tout ça pour finir accroché à son ampoule et s'évaporer comme une louise ou un vulgaire gaz intestinal? Voilà du fantasme anatomique et digestif pas banal. Une sacrée aventure intérieure, un voyage fantastique comme on voudrait (ou pas) en faire plus souvent. Je t'aime, je te mange, je te... Non! Dans le cas présent, je te bois, mais ça revient au même. Euh..., serais-je hors sujet? Si peu. Juste avant de se voir préciser par le Président de séance, séance tenante: "C'est un jeu sur la séduction, surprend-les!"

     

    Ah, d'accord! Au temps pour moi.


    Le vin, objet de séduction, alors? Tout comme les femmes. Et la réciproque est vraie. Boire pour séduire ou être séduit, être séduit par ce que l'on boit. Tout un programme. Références cinéphiles en prime.

    La mariée était en noir, mais le poulsard était en blanc. Tout juste un petit reflet rosé sur la robe, dû à l'assemblage avec un fond de cuve de trousseau, lui aussi vinifié comme un vin blanc. L'histoire du rouge qui se prend pour un blanc avec des allures de rosé. Mélange des genres, ambiguïté vinique, blanc tannique, de quoi être un peu perdu! Rouge non avoué, blanc contre nature, rosé refoulé. Saura-t-il plaire? Faut-il l'aimer? Se remettre en question, avoir des doutes sur ses penchants colorés et ses orientations textuelles? Pour, au final, s'assumer et se foutre du qu'en-dira-t-on, s'en foutre tout court. Comme dit le viril King Marchand, joué par James Garner dans le chef d'œuvre de Blake Edwards, tout en se laissant aller à rouler une pelle à Victor, brillament interprété(e) par Julie Andrews:

    - I don't care if you are a man.

    - I'm not a man.

    - I still don't care!

     

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    Victor ou Victoria, peu lui chaut, même si, bien avant lui, certains l'ont aimé chaud. Nobody's perfect! Du moment que l'on aime et que l'on est aimé en retour...

     

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    Cul rond à la cuisse rose 2010, du domaine de L'Octavin, à servir à l'aveugle dans un verre noir pour surprendre et tromper son monde ou, mieux encore, à boire pour ce qu'il est, et l'apprécier vraiment.

    - I don't care if you are a white wine

    - I'm not a white wine.

    - I still don't care! 

     

    Cul rond à la cuisse rose, du poulsard comme on en boirait les yeux fermés!



    Olif

     

  • VDV#37: les accords d'un été...

     

    VendredisduvinC'est de saison. À l'occasion de cette 37ème session des Vendredis du vin, Nathalie Merceron, alias Tiuscha, nous invite à mélanger saveur et passion. Un sujet qu'elle maitrise bien, c'est d'ailleurs le nom de son blog. Boire sans manger, c'est un peu comme manger sans boire. L'exercice est vain, tant la passion est vin. Il n'y a que les adolescents boutonneux ne jurant que par l'association Coca-Cola-BigMac pour ne pas le savoir.

    Le vin à la plage est un exercice périlleux. Gare aux goûts iodés, aux arôme salins et aux papilles ensablées. Les entrailles de pignon, dévorées crues, telles une offrande au Dieu de la pêche à pieds nus ou en tongs, sont gorgées de cristaux qui crissent sous la dent et rayent l'émail. La glacière sert tout juste à réchauffer le café plutôt que rafraichir le rosé. Les chichis s'accomodent mal d'un petit verre de Layon complètement frit sous le parasol.

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    L'accord parfait se fera plutôt sous la tonnelle. L'été, le cuisinier de la maison se transforme en surfeur qui ne se sépare jamais de sa planche. Un poisson, une viande, un peu d'huile, olive ou autre, des épices, et, psssssschhhhhh, le tour est joué. La plancha, c'est la cuisine d'été par excellence. La facilité ne tolère cependant pas la médiocrité, tout est dans la maitrise de la cuisson.

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    Une recette enfantine, paprikée des hannetons, filet mignon de veau, marinade légère, huile de pistache-paprika. L'astuce, c'est la cuisson sur papier sulfurisé. Le genre de truc qui vous rend la vie tout de suite plus belle, en simplifiant le nettoyage de la planche en fin de repas. C'est peut-être mesquin, mais c'est appréciable. Avec cette cuisine simple et goûteuse, estivale, ne craignant que le grand vent qui pourrait nuire à la qualité de la cuisson, il faut un vin à l'unisson. Vibrant, sur le fruit, éventuellement soutenu par un léger trait boisé, mais goûteux et harmonieux, bref, un vin évident et limpide, à savourer à tout moment de l'été, sur la terrasse et entre amis. Et pourquoi pas un bête pinot noir bourguignon, à servir frais avec quelques glaçons? Sans aucun doute le vin de mon été!

     

     

    drc,échézeaux,vendredis du vin,

    Échézeaux, l'été sera chaud!

     

    À défaut, on pourra se contenter d'un petit verre de rosé de son producteur préféré.

     

     

    Olif


  • VDV#36: les vins d'un autre millénaire...

     

    VendredisduvinFlashback. À l'occasion de cette 36ème session des Vendredis du vin, Philippe Rapiteau, the Pipette-man, nous invite à jeter un sérieux coup d'œil dans le rétroviseur. Vous faisiez quoi, le précédent millénaire? Encore à l'école primaire ou déjà immergé dans le monde professionnel? Avec suffisamment de revenus pour acquérir quelques bouteilles? Et suffisamment patient pour les laisser vieillir en cave? Vinogérontophiles, ce VDV est le vôtre. Si la simple évocation de robes supposées fripées, de tanins possiblement ridés ou d'arômes évolués de petite vieille qui se néglige vous procure un délicieux frisson sur l'échine, dépoussiérez vos flacons et sortez vos tire-bouchons! C'est quoi, d'abord, un bon vin vieux? Un bon vin vieux, c'est avant tout un vin qui a su rester jeune. Sur l'âge, mais pas décati. Tenant encore debout, sans l'aide d'une canne ou d'un déambulateur. Et, du coup, révélant tout le potentiel du terroir dont il est issu. Avec le temps, le cépage s'efface et laisse la place à la magie du lieu. Les arômes deviennent tertiaires, ce qui leur confère un charme certain, mais ça ne suffit pas à réjouir le palais. Si la bouche s'étiole, on dit que le vin a perdu son corps mais pas son âme. Maigre consolation. Les bons vivants ne se sentent pas concernés lorsqu'il s'agit d'étreindre des squelettes, comme le chante Brassens.

    Dans les années 1990, la base essentielle des achats de vin des Éts Olif (formule empruntée au Sieur Boulard) était constituée de Grands crus classés bordelais. Ce qui pourrait être considéré comme une classique erreur de jeunesse se révèle néanmoins être finalement un plutôt bon placement, financier et gustatif, tant, à l'époque, le prix de ces bouteilles semblait dérisoire par rapport à ce qu'il peut être maintenant. Cela n'excuse rien, mais il faut désormais les vendre ou les boire. Ce n'est quand même pas tous les jours que l'on peut se dire que l'on s'en est jeté pour plus de 1000€ derrière la cravate, parce que de toute façon ça ne les vaut pas, qualitativement parlant! Les 2 bouteilles bordelaises ci-dessous m'ont coûté à peine 600 francs en tout. Du bon franc français du précédent millénaire, à l'époque où la baguette valait 1 ou 2 balles, guère plus qu'un petit noir au comptoir.

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    Le mois de mai, dans la famille Olif, c'est celui des anniversaires. Deux millésimes à fêter, loin d'être les meilleurs, malheureusement. Mais il reste quand même quelques flacons à ouvrir, qui permettent de juger de la jeunesse des récipiendaires. Et de jauger la qualité des vins achetés pour l'occasion, avec le secret espoir de les emmener le plus loin possible. De là à dire que cette session des Vendredis du vin tombe à pic...


    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Roussette de Savoie Marestel 1987, domaine Dupasquier: celui-là, ce n'est pas un vin de Bordeaux, tout le monde aura rectifié de lui-même. Cette bouteille, gentiment cédée par Noël Dupasquier lors d'un passage, déjà lointain, au domaine, a patiemment attendu son heure. Son altesse la roussette de Savoie supporte en principe aisément le poids des ans. Le nez est très intense, marqué par des notes d'écorce d'orange et de cire. En bouche, si on sent encore bien une certaine vivacité, la structure parait un peu décharnée et commence à peiner sur la longueur. La finale est marquée par une légère amertume qui laisse peut-être un poil amer d'avoir attendu cette bouteille un peu trop longtemps.

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    - Château Mouton-Rothschild 1987, Pauillac: avec celui-ci, on est bien à Bordeaux, nageant dans le stupre et le lucre. Dernière vendange du Baron Philippe de Rotschild, étiquette signée Hans Erni, l'une des dernières œuvres de ce peintre suisse renommé, dernier exemplaire issu de ma cave. Tout a une fin, sauf ce Mouton, loin d'être fini. La bouteille oui, qui n'a pas fait trop long feu, l'exemple même d'un beau Pauillac à maturité, malgré la petitesse du millésime. Arômes tertiaires, un peu sous-bois et humus, notes de fumée et de bois noble. Tanins souples et fondus, élégants et harmonieux, beaucoup de finesse, de classe et surtout un grand plaisir en bouche. À des lieues du caractère austère et malengroin du millésime 1988, dernière expérience plutôt malheureuse et déplaisante vécue avec Mouton.

     

    vendredis du vin,savoie,dupasquier,roussette,lafite-rotschild,mouton-rotschild- Château Lafite-Rothschild 1994, Pauillac: après une première bouteille de ce lot, désespérément bouchonnée il y a une dizaine d'années, l'heure de la revanche allait-elle sonner pour cet autre cru fétiche pauillacais? 1994, millésime difficile, qui a conduit Lafite à ne garder que le cabernet-sauvignon pour sa grande cuvée. Plutôt corpulent, le vin se pare d'une relative austérité à l'ouverture de la bouteille mais les tanins ne sont pas revêches. De la finesse et une grande droiture le rendent plutôt séduisants sans son genre. Long et élégant, il n'est pas pour autant guindé et se laisse plutôt bien approcher. On peut encore l'attendre, ou à défaut le vendre aux Chinois.

     

    Olif

  • VDV#35: le vin fait son cinéma...

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    VendredisduvinLe cinéma investit la Bloglouglou. À l'occasion de cette 35ème session des Vendredis du vin, qui vient presque à point pour concurrencer le festival de Cannes, le vin se positionne en haut de l'affiche. Vin et cinéma, c'est donc le thème retenu par Nina Izzo, de moins en moins perdue dans le monde du vin. Le vin, pourtant, ce n'est pas du cinéma, même si certains vignerons-critiques-amateurs-blogueurs (aucune mention inutile à biffer) se font souvent des films et se la pètent en Technicolor, 3D et/ou Dolby stereo surround. La réciproque est cependant vraie également, certains grands noms du cinéma n'hésitant pas à faire du vin, c'est même très tendance. Le cinéma, ce n'est pourtant pas du vin non plus, et j'en connais qui feraient mieux de continuer à tourner ou jouer la comédie plutôt que de se balader en 4x4 ou jet privé au-dessus de leurs vignes.

     

    Moteur!

     

     

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    Merci Père Cyril, merci Père Florian! Seules deux âmes P-U-R pouvaient me sauver de Belzébuth.

     

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    N'importe quoi, comme dirait Mme Olif!

     

    Olif

     

    P.S.: petite précision à l'intention des sourds et des malentendants, la musique dans les tuyaux, c'est évidemment Tubular bells et le thème introductif de L'Exorciste.

    P.S.2: Olif est habillé par Glougueule, le site des hommes de glou joliment vêtus.

    P.S.3: Amène est un Beaujolais-villages 2009 de la maison P-U-R, à Villefranche sur Saône. Vieilles vignes de 70 ans, élevage de 17 mois en cuve sur lies fines, sans soufre ajouté. Du fruit poivré et épicé, qui croque et qui gouleye, l'arme absolue contre les lendemains qui déchantent.

    P.S.4: Videolif, c'est pas du cinéma non plus et je ferais peut-être mieux de continuer à boire de bons canons en cachette ...

     

  • VDV#34: Vinstantané!

     

    Vendredisduvin Pour cette 34ème session des Vendredis du vin, il fallait faire court. Les bans à peine publiés, et nous voilà déjà le dernier vendredi du mois! Heureusement, notre nouvelle présidente, les yeux planqués derrière son objectif, les a également grands ouverts sur le vin. Grâce à Pauline, ces 34èmes VDV sont dans la bouette, Coco. Accent franc-comtois de rigueur, sinon, la tentative d'humour ne fonctionne pas très bien.

     

    Une photo, un vin, un souvenir. Trois raisons de ne pas boire Contrex. Dilemme! Quoi mettre en avant? La qualité de la photo? Celle du vin? Le souvenir? Euh ....

     

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    Les mouches ont pied, Vin de table 2004, Jean-Marc Brignot


    Ce n'est donc pas cette fois que je gagnerai le prix Pulitzer. Ni le Sony World Photography Awards. Non, je ne pense pas. Jamais non plus ce vin ne remportera une médaille d'or au Concours des vins de Mâcon, ni ne se verra auréolé d'un 100 Parker. Pire encore, il ne fera même pas rêver l'amateur de vins ni le buveur d'étiquettes.  Une chance, finalement. Parce que cette bouteille-là n'existe désormais plus. Dans ma cave tout du moins, et je doute qu'il en reste encore beaucoup d'exemplaires de par le monde. Les mouches auront définitivement pied dans mon verre. Plus rien à sucer sur les parois. Si c'est pas misère...

    Flash-back. Fin décembre 2005. On jouait cartes sur table à Molamboz, chez Jean-Marc Brignot, nouvel as sorti de la Manche. De drôles de jus, dans de drôles de flacons. Et puis Wanda,  pas un poisson, mais ce grand chien, aussi impressionnant que gentil. Pour une unique fois sur l'étiquette, en compagnie de son maître. Le ploussard  2004 vinifié en blanc ne donnait déjà pas sa part aux mouches, mais n'a pourtant jamais voulu se parer d'un teint de jeune fille pudique au cours de son élevage. Définitivement resté de la blancheur nacrée d'une jeune vierge, mais pas effarouché pour autant, y compris dans sa jeunesse. Une chair à croquer, à pleines dents, que je pensais un peu décatie,  à l'aube de cette nouvelle décennie, et qui s'est révélée être d'une grande fraicheur et d'un équilibre souverain, celui de la reine des mouches.

    Eyes wide shut, eyes wine open...

     

    Olif

     

    P.S.: ce week-end, en Arbois, après une heure de sommeil en moins, interdiction de ronfler dans son verre, mais cela ne dispensera pas d'avoir le nez dans le vert, par contre! Jean-Marc Brignot n'y sera pas, mais il y aura plein d'autres belles découvertes à faire.

     

     

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  • VDV#33: Madame Crock, Monsieur trempe...

     


    Vendredisduvin   33ème session des Vendredis du vin. Après le sexe, le rock et la plume, pause chocolat. Un peu de douceur cacaotée dans ce monde de brutes avinées du vendredi, grâce à Hélène Lombardo, qui goûte et croque à pleins dents dans les saveurs de la vie. Nouvellement arrivée dans la blogosphère, elle a crânement pris la présidence de ces 33èmes VDV pour nous contraindre à en croquer, nous aussi. Mais croquer quoi, bon sang? Madame Crock a un petit faible pour le chocolat, apparemment. Dont elle fait volontiers son quatre heures au sortir d'une dégustation de vin. Chocolat et vin, un véritable challenge, inépuisable casse-tête insoluble, à l'origine de sensations fortes comme de gamelles gratinées. Combien de fiers sommeliers se sont faits cabosser et rouler dans le Banania pour avoir voulu tenter l'accord improbable entre la treille et la cabosse. Certes, il y a de grands classiques incontournables, comme Banyuls, Maury, Rivesaltes ou autres VDN à base de grenache, qui transcendent le moindre éclat de cacaotier, à moins que ce ne soit le contraire. Les expérimentateurs jurassiens se tourneront vers des accords entre vin jaune et ganache au curry, à la noix ou au poivre vert, vin de paille et ganache mangue ou passion. Il est évident que je ne parle pas là de vieilles ganaches décaties, de retour des Indes ou je ne sais quelle colonie, mais de délicieux palets élaborés par un chocolatier hors pair, du style de l'arboisien Édouard Hirsinger, l'un des plus grands chocolatiers du casmos, si ce n'est le plus grand, et ce n'est pas moi qui le dis.

     

    Pour une sensation plus trash, l'association Van Houten-Vin de pays d'Oc vaut aussi le détour, mais dans l'autre sens, peut-être. La preuve en images!

     

     


      N'importe quoi, comme dirait Mme Olif!


    vin de pays d'oc,vendredis du vin

    Olif

     

    P.S.: ci-dessous, la version sous-titrée, à l'intention des sourds et des malentendants du web, à la connexion internet déficiente.

    "Vidéolif je ne sais plus combien, ça fait tellement longtemps! Mais ça valait le coup d'attendre! Nouveau costume, nouveau décor... Toujours pas de caméraman, par contre.

    Vin et chocolat, c'est le thème de ce vendredi, insufflé ingénueusement par Madame Crock.

    Du cacao dans mon spiegelau, oui, mais pas n'importe lequel! Du Van Houten. De 1828, s'il vous plait. Une boite dure longtemps ici, on en consomme si peu.

    Mais, j'entends déjà les âmes bien pensantes se récrier: s'il met le cacao dans son verre, où est-ce qu'il va mettre le vin, alors? Oui, bonne question. Merci de me l'avoir posée.  Where is the wine? Where is the bottle? Where is the corkscrew? Où est ... le spittoon? 

    Le vin, il est là. Sur la tartine! Du confit de vin du pays d'oc, aux arômes de figue et de poivre.

    Et en plus, je trempe. Tant pis si ça ne se fait pas!

    N'importe quoi, comme dirait Mme Olif!"

     

    P.S.2: Olif est habillé par Le Blog d'Olif, dans des tons chocolat plutôt que lie de vin. Il est bon de le souligner.

     

    P.S.3: le confit de vin du Pays d'Oc provient de chez Accent d'Oc, une boutique avec toute une gamme de produits gourmands au top, pour accompagner les fromages, notamment. Le Haut-Doubs a parfois des accents d'oc, dans les boutiques ad hoc.


     

  • Vendredis du vin #29: La quille, bordel!


    Vendredisduvin

    29ème session des Vendredis du vin. Du peu au jus, mais quand même! Vivement la quille, bordel! "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse", disait le poète. "Eh bien non!", s'exclame le bourguignon en direct. On ne veut pas être ivre avec n'importe quelle boutanche. Pas avec n'importe quel contenant, ni même - et surtout?- n'importe quel contenu. Et peut-être même pas avec n'importe qui non plus. S'abandonner corps et biens, oui, mais dans les règles de l'art, avec un emballage ou un emballé dignes de ce nom. 

     

    À petite ivresse, petit flacon. À méga-uber-große caisse, prévoir plus large. Douceur non exclue. Habituellement embouteillée en dé à coudre (37,5cl voire 50cl pour les gros gourmands), la cuvée Ambre de Christophe Abbet vaut tous les Martigny on the rocks du monde. Un liquoreux de l'extrême, assemblage de marsanne et petite arvine, élevé longuement en fût (jusqu'à 44 mois, si cela le justifie). Un vin qui souvent défie la mécanique des fluides et dont le grain oxydatif, apporté par l'élevage long, accentue le caractère exceptionnel et superlatif. Pour se la mettre bien profond, ou, plus élégamment formulé, toucher à l'ivresse des profondeurs, rien ne vaut les grands contenants. Jamais sans mon magnum, une mise réservée à ceux qui le méritent. Autant dire qu'ils sont rares.

     

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    "Zéro, zéro, zéro, zéro..."

     

    Olif

     

    P.S.: Un flacon géant non ouvert pour l'occasion, mais qui me rend ivre rien que de penser au jour où je le ferai!

  • Vendredis du vin #27: le vin médecin de l'amour


    Vendredisduvin

    Après le vin des copains d'Anne-Laurence Chauvel-Chadronnier, voici venu le temps de l'amour. Avant peut-être celui de l'aventure? Michel Smith, l'un des 5 du vin, catalan d'adoption, grand amateur de carignan devant l'éternel, nous propose, pour la 27ème session des Vendredis du vin, de partir à la découverte du vin médecin de l'amour, voire plus, si affinités sexuelles. Mais, finalement, entre l'amour et l'amitié, il n'y a pas tant de différence que cela, Hein, Henri?

     

    "Entre l'amour et l'amitié,

    il n'y a qu'un lit de différence,

    un simple pageot un pucier

    où deux animaux se dépensent."

     

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    Avant de coucher, pourtant, il faut flirter. Une pure coïncidence, que ce rosé girly trouvé chez mon caviste de quartier, bien avant l'annonce du thème des VDV. L'amour à Maury. Ou plus exactement une amourette de passage, juste un Flirt, avec toi, que je fasse n'importe quoi. Maury, durement touchée par la grêle dernièrement, comme une épine en plein cœur, venue égratigner sauvagement un amour naissant. Que ce rosé 2008 du Clos des vins d'amour puisse contribuer à soigner un petit peu tout ça.


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    Rosé 2008 du Clos des vins d'amour, Vin de Pays des Côtes Catalanes

    Légèreté du rosé, associé à l'été, aux mets légers qui vont avec. Le rose perle à son front, tel un érythème pudique de la jeune fille. Celui-ci est quand même un peu vineux, preuve de son sérieux. Il se boit néanmoins par inadvertance, comme un flirt estival que l'on aura tôt fait d'oublier dès les premières feuilles mortes ramassées à la pelle.

    Un vin médecin de l'amourette, émouvant comme une goutte de rosée un matin d'été, délicieux et parfumé comme une goutte de rosé un après-midi du même été.

     

     

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    La bataille du vin et de l'amour, de toute façon, c'est Alice Feiring qui l'a gagnée!

     

    Olif

     

    P.S.: en bonus, le billet des VDV auquel vous avez échappé ce mois-ci:

     

    Le vin, médecin de l'amour grivois, mais toujours la vie et le vin en rose. Il était deux amants qui s'aimaient tendrement, ils voulaient voyager, mais ne savaient comment. Le Monsieur, il dit à la Dame: "Tu seras bâtiment, je serai le grand Mas que l'on plante dedans. Ah! Ah! Ah!". Si je dis ça, c'est juste histoire de faire le Baux, en fait. Parce que voilà un bien joli rosé pour la table, et que je l'aime. Épicé et gourmand, frais et floral, charnel. Un amour physique, peut-être, mais pas sans issue, n'en déplaise au Grand Serge.

     

     

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    Mas de la Dame, Rosé 2009, Les Baux de Provence


    Mais pourquoi donc est-ce que je m'obstine à associer la couleur rose au vin de l'amour, moi? Il faudra que j'en parle à mon psy.

     

  • Vendredis du vin #26: les vins de copains d'abord

    Vendredisduvin

     

    "Non ce n'était pas le bon gros

    Rouquin qui tache, ce picolo,

    Qu'on se le dise aux VDV

    Dise aux VDV.

    Il se buvait en père peinard

    En gouleyant très bien, c'pinard

    Et s'app'lait l'vin des copains d'abord

    L'vin des copains d'abord."

     

    Grâce à Anne-Laurence Chauvel-Chadronnier, la nouvelle présidente intérimaire des Vendredis du vin et grande copine du rouge, du blanc et des bulles, on va pouvoir se taper fort sur le ventre, en sifflant allègrement des nabuchodonosors de "vin de copains". Le choix est vaste, entre la cuvée "Les copains d'abord" du domaine des Sablonnettes, en Anjou, "Les copines aussi", du même domaine qui ne voulait pas faire de jalouses, "Les copines" de Jean-Louis Tribouley en Roussillon. Et bien d'autres, je suppose, qui revendiquent ouvertement ce qualificatif de "vin de copain" sur l'étiquette.

     

    C'est quoi, un vin de copain, finalement? Ben, ça dépend de ses copains, en fait. J'en connais qui pourraient, à cette occasion, déboucher un Mouton-Rotschild 1945, s'en servir un dé à coudre et se le siroter gentiment, le monocle sur l'œil et le petit doigt en l'air, entre deux louches de caviar. Mais c'est un mauvais exemple, finalement. Les Grands Crus historiquement classés ne sont pas de véritables vins de copains. Ce sont des vins d'amis aristocrates qui n'aiment guère le picrate. L'aristopicrate n'a pas droit de cité lors de ces 26èmes VDV. Le vrai vin de copains, c'est celui qu'on partage sur le pouce avec les potes, parce qu'il faut absolument qu'ils goûtent ça, vous allez voir comme c'est super bon les gars et, en plus, c'est pas très cher. Enfin, ça dépend des fois. Le vin de copains, il est de toutes les couleurs et il se sert sans cérémonial, juste pour le plaisir, éventuellement avec une ou deux tranches de saucisson.

     

    Alors, sans aucune volonté de fayoter avec Mme la Présidente, je n'ouvrirai pas une bouteille, pas deux bouteilles ... mais ... trois bouteilles! Pas de Bordeaux, sa région fétiche, pourtant, j'aurais pu. Que des vins de Loire, parce que j'y ai deux ou trois copains et que certains cépages originaux que l'on trouve là-bas correspondent bien à l'idée que je me fais de ce concept de vin de copains. Du canon sans prise de tête, à "haut coefficient de torchabilité"© Patrick Meyer l'Alsacien. C'est parti les copains!

     

    Rouge. Un Coup de canon 2008, ou plutôt plusieurs. Le Coup de canon, c'est du grolleau. Et quand le grolleau est tiré, c'est gagné. Il faut le boire. Un vin dangereusement bon pour qui se trouve en ligne de mire, signé Grégory Leclerc, vigneron a Chargé, en Touraine. Fruité, frais, épicé, croquant, gouleyant, charmeur, accrocheur, les arguments ne manquent pas pour avoir envie d'en partager un obus ou deux avec les poteaux.

     

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    Crédit photo: Escapades, à qui je pique le cliché sans vergogne, puisque le Doc est un copain et que c'est ma bouteille qu'il a photographiée!

    Blanc. Les Petits Acacias du domaine du Moulin, d'Isabelle et Hervé Villemade. Appellation Cour Cheverny, cépage romorantin. Millésime 2006. Ça, c'est un cépage de copains, le romorantin. D'ailleurs, ça rime bien. Un blanc d'une grande gourmandise avec une finale claquante, appelant une nouvelle gorgée. Fruits, agrumes, belle acidité, jolie minéralité, une bouteille qui se boit avec avidité, tellement vite que je n'ai pas eu le temps de prendre un cliché. Et en plus, comme certains copains, ça vieillit bien.

     

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    Crédit photo: Blog-vinbionaturel, à qui je pique aussi le cliché sans vergogne, on est copains de vin, tant pis si ce n'est pas le même millésime.

     

    Bulles. "Juste avant l'été", quand l'herbe n'est pas encore coupée, que la soif se fait sentir à l'heure de l'apéritif, invite une ou deux copines (ou des copains, si tu es une fille, ou peu importe, selon tes orientations sexuelles), mais pas trop si tu n'as pas un stock suffisant de bouteilles, et alors, couchés dans l'herbe, avec juste le soleil pour témoin, sers-leur donc quelques petits verres de ce délicieux pétillant naturel à base de chenin, à la robe discrètement et joliment orangée si tu as mal rincé ton verre de rouge au préalable. Laisse son charme agir et la bulle venir leur caresser le palais. Ecoute-les ensuite rire et s'esclaffer, pouffer même, tous leurs sens en émoi. Avant de finir par leur caresser le palais, toi aussi. Et de balancer leur robe dans les orties. "Juste avant l'été", un vin de copines, sensuel et même plus, si affinités. Méfie-toi simplement du paysan, qu'il ne commence pas trop tôt les foins, fonction de la météo, juste avant l'été. Et qu'il ne prenne pas sa fourche pour chasser de son champ les impudents qui ont osé broyer son herbe. Juste avant l'été, Mosse. Pas Kate, mais Agnès et René.

     

     

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    Salut les copains!

     

    Olif

  • Vendredis du vin 25: demi-sec mais pas trop!

     

    VendredisduvinVoici donc, après une petite année d'absence pour cause de gros coup de fatigue, la 26ème session des Vendredis du vin. Allelouiah! Sous l'impulsion d'Iris de Lisson, les Vendredis du vin renaissent de leurs cendres à peine froides. Nul doute qu'avec la création d'un groupe Facebook, rejoint par pleins d'amis pleins de bonne volonté, les Vendredis du vin demi-sec vont cartonner.

    Le thème du mois a été choisi par Mathieu Turbide, le Méchant raisin, qui aime adoucir son propos à demi. Mais qu'est-ce donc qu'un vin demi-sec? A moitié liquoreux ou à moitié sec, en fait, selon sa vision des choses. Un vin avec du sucre résiduel, ni trop, ni trop peu, censé jouer dans un registre aérien et développer un profil légèrement et subtilement sucré. Entre 4 et 12 grammes par litre après fermentation pour un vin tranquille, d'après le réglement communautaire. Au-delà, c'est doux ou moelleux (jusqu'à 45 g/l), puis liquoreux (> à 45 g/l). Le souci, c'est que l'équibre alcool-sucre-acidité s'en balance complètement, du réglement communautaire.

     

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    Torus 2007, Vin de Pays des Côtes de Gascogne, Brumont



    Choix volontairement provocant? Cela ne me ressemblerait pas! Goûté et rangé parmi les demi-secs à l'aveugle. Très aromatique et fruité, au caractère plutôt flatteur et consensuel, il n'a rien d'un vin sec, contrairement à ce qui figure sur l'étiquette. Pas mou pour autant, c'est une question de sucre, évidemment. Probablement pas assez pour le situer du côté des "demi", mais à mon sens trop pour le qualifier de sec. Equilibre demi-sec non avoué, en demi-teinte, limite trompeur, Torus 2007 de Gascogne pose donc le problème de l'étiquetage des bouteilles et des mentions à y faire figurer. Les Valaisans ont mis des abeilles sur l'Amigne, en fonction de la quantité de sucre résiduel, faudrait-il faire de même avec le Manseng-Sauvignon (c'est une supputation, pas moyen d'en trouver la confirmation sur le web)? Ce vin sec ne l'étant qu'à moitié, il rentre tout à fait dans cette thématique des VDV.

     

    Faute de premières grives, on boit du Torus! La concurrence gasconde est rude. D'un côté, t'as Torus, de l'autre Tariquet!

     

    Néanmoins, parfait à l'apéritif ou à l'occasion d'un vernissage, par exemple. Comme celui de la première exposition des œuvres de Mme Olif à la Brasserie de la Poste de Pontarlier, et ce, jusqu'au 7 mai inclus. Tout le monde est le bienvenu. En attendant d'autres expositions, et -pourquoi pas?- plus à l'Ouest. N'importe quoi et fin du message personnel.

     

     

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    "Déclinaison habillée autour d'une déclinaison autour d'un nu" © Olif

     

    Olif

     

    P.S.: pour les amateurs de vins un peu moins demi-secs, à l'occasion du vernissage, on pouvait de rabattre sur l'épatant et tranchant Arbois Chardonnay 2008 du domaine André et Mireille Tissot, ainsi que, côté rouges, sur Les Sorcières 2008 du Clos des Fées ou sur le Faugères 2005 du domaine Alquier en magnum.

  • VDV 24: papilles et molécules

     

    VendredisduvinVoici donc la 24ème session des Vendredis du vin, session pour laquelle il va falloir se plonger dans l'infiniment petit, à la demande expresse de François Chartier, célèbre sommelier canadien spécialisé en sommellerie moléculaire.

     

    Késako, la sommellerie moléculaire? :euh:

     

    En fait, c'est très simple, et je pense que l'on peut tous remercier François Chartier d'y avoir pensé pour nous. Pour faire encore plus simple, schématiquement, dans le vin, il y a beaucoup d'eau (eh, oui!, désolé si je brise le mythe du pochtron!),  un peu d'alcool et tout un tas de petites molécules. Pas des petits débris de cire ou de bouchon lorsque l'on a ouvert la bouteille comme un sagouin. Non, des trucs que l'on ne voit même pas à l'œil nu, des trucs microscopiques, voire plus, et dont certains ont bon goût et d'autres pas. Ces p'tites molécules, elles se regroupent dans différentes familles, voire plus si affinités. Elles sont à l'origine des différents arômes rencontrés dans les aliments d'une manière générale et dans le vin en particulier. Plus il y en a, plus l'aliment a du goût. Si en plus, on lui associe un vin qui possède les mêmes molécules, les sensations s'en retrouvent décuplées. Pour tous ceux qui ne disposent pas d'un chromatographe ou autre ustensile de ce genre à la maison, afin de décrypter tous les atomes de leur casse-croûte du midi, François Chartier a publié un livre destiné à l'apprentissage de base de la sommellerie moléculaire. A placer à mi-chemin entre la cave, le laboratoire et la cuisine. Et à compulser sans modération, ... quand il sera disponible de ce côté-ci de l'Atlantique. Pour l'instant, les frais de port à destination de l'Europe sont un peu prohibitifs!


     

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    Petit travail pratique suggéré à l'occasion de ces VDV moléculaires, l'alliance entre molécules mentholées (les "anisés") et Sauvignon blanc, qui appartiennent à la même famille. L'occasion de passer 5 bonnes minutes en cuisine, le temps de réaliser de succulents Filets de truite fumée au bois de hêtre,  marinade à l'Absinthe de Pontarlier. 5 minutes de boulot pour une bonne demi-heure à se rouler par terre de bonheur, le temps que ça marine un brin. Et le temps aussi de s'occuper un brin d'aneth. D'ailleurs, j'ai bien connu une fille qui s'appellait Annette. Un beau brin, Annette! Ses longs cheveux ne tombaient que rarement dans la soupe mais plutôt au bas des reins, dans le creux, là où ça fait beau. Ses petits seins fermes  se croquaient comme des tomates "cœur de pigeon". Et sa bouche avait aussi un goût anisé ... Mais je m'égare.

     

     

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    Annette, déstructuration anthropophage © Olif 2008


    Le plus délicat, ensuite, fut de passer à la cave. Deux bonnes heures de spéléo pour dénicher sous une pile la bouteille qui devrait conduire à l'extase moléculaire: un Sauvignon non boisé dont les composants volatils sont censés entrer en totale symbiose avec les anisés de l'aneth et de l'absinthe. Ce Sauvignon, une fois de plus, ce fut celui d'Alice. Et Olivier De Moor. Saint-Bris 2007. Au nez légèrement fumé, à la belle vivacité et à la finale acidulée. Quasi-fusionnel avec l'aneth pour une grande harmonie en bouche, ces deux-là étant faits pour s'entendre. Un véritable feu d'artifice moléculaire!

     

     

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    Saint-Bris, truite à l'aneth, absinthe de Pontarlier-Anis. Et voilà les petites molécules qui exultent!

     

    N.B.: pour la marinade des filets de truite: citron, huile d'olive du Clos des Fées et Absinthe de Pontarlier (François Guy). L'alchimie du bonheur dans l'assiette!


    Olif

     

    P.S.: Encore heureux qu'il n'ait pas fallu se taper la litière du minou avec le Sauvignon!

     

    P.S.2: le premier qui me dit qu'elle a 3 nénés cœur de pigeon, une fois déstructurée, l'Annette, je lui rétorquerai que c'est normal pour une Vénusienne. Et toc!